Centres d'insertion socioprofessionnelle : l’autonomie en point de mire

La Wallonie compte 153 centres d'insertion socioprofessionnelle agréés. Chaque année, leur quelque 15.000 stagiaires ont accès à environ 400 filières de formation. Public cible : des adultes faiblement qualifiés et peu favorisés sur le marché de l'emploi.

Les centres d'insertion socioprofessionnelle (CISP) proposent trois types de formation : celles de base - cours d'alphabétisation, remise à niveau, initiation au numérique, etc. ; les parcours d'orientation destinés à guider les stagiaires vers les métiers qui leur conviennent ; les formations métiers professionnalisantes. Ces dernières se déclinent selon deux démarches pédagogiques distinctes : les entreprises de formation par le travail (EFT), où l'apprentissage se fait sur site ou chantier ; le mécanisme « démarche formation-insertion » (DéFI), où la formation est délivrée plus classiquement avec des cours dans un centre, éventuellement assortis d'un stage en entreprise.

 Un suivi social et psychologique personnalisé

Ces filières offrent un encadrement et un suivi personnalisés. Il s’agit notamment de s'adapter au rythme d'apprentissage de chaque stagiaire, quitte par exemple à allonger la durée de sa formation. Comme l'explique Anne-Hélène Lulling, Secrétaire générale de l’Interfédération des CISP, les soft skills ont toute leur importance dans l’approche pédagogique : « Les capacités de communication et le fait d'être en mesure de travailler au sein d'un collectif, par exemple, sont primordiaux pour mener les personnes à plus d'autonomie. »

Notre interlocutrice insiste sur un point : « Le suivi personnalisé dépasse de loin les aspects strictement pédagogiques. Notre visée n'est pas uniquement la formation aux compétences professionnelles, techniques et aux savoirs de base. En parallèle, il y a systématiquement un accompagnement personnel et psychosocial de la personne. »

Cet accompagnement est d’autant plus nécessaire que ces centres s’adressent à un public adulte précarisé, peu diplômé - avec au maximum un niveau de 4e secondaire - et donc éloigné du marché de l'emploi. « Si on ne prend pas en compte les difficultés, par exemple familiales, de logement, de santé, de surendettement ou de dépendance, les personnes ne seront pas en mesure de suivre la formation, parce que ces préoccupations feront brouillage. » Précision importante : les centres n'ont pas vocation à gérer eux-mêmes ce type de problèmes mais ils orientent les stagiaires vers les structures adéquates.

Une indemnité de formation à revoir

Si ces centres visent la remise à l'emploi des stagiaires, ils leur permettent aussi, au terme de leur formation, d'atteindre le niveau de qualification nécessaire pour poursuivre leur parcours de formation chez d'autres opérateurs, tels que le Forem, la Promotion sociale ou l'IFAPME. Les stagiaires ont également la possibilité d’obtenir des certifications de leurs connaissances dans des centres de validation de compétences.

En guise de conclusion, Anne-Hélène Lulling lance un appel au monde politique : « Il faut revaloriser les indemnités accordées aux stagiaires. Même si ce n’est pas la seule, c’est une source de motivation à suivre une formation pour ces personnes précarisées. Aujourd’hui, en Wallonie, elles perçoivent une indemnité d'un euro de l'heure… soit le même montant depuis 1987 ! Avec toutes les indexations qu'on a connues depuis lors, on devrait être à près de 3 euros. Passer à 2 euros serait déjà le bienvenu. »