Former et lutter contre la précarité des demandeurs d’emploi

Le plus gros défi que rencontre Bruxelles Formation, régisseur public de formations, est de faire coïncider les compétences des stagiaires avec les besoins des employeurs potentiels et de lever les obstacles sur leur parcours de formation vers l’emploi.

Bruxelles Formation, c’est 620 personnes qui travaillent pour tous les services de support : communication, direction juridique, informatique, organisation de la formation mais, surtout, pour les 12 centres de formation répartis dans neuf endroits différents qui constituent le cœur de métier de l’organisme bruxellois. «Le dernier bâtiment inauguré à la Gare maritime héberge deux pôles de formation et tremplins, précise Olivia P’tito, directrice générale. Comme l’indique son nom, il s’agit d’un tremplin pour toutes celles et ceux qui ont besoin d’une préparation avant d’entamer une formation qualifiante, avec une remise à niveau, en français, en mathématique, en communication. On a aussi notre pôle dédié aux métiers urbains, avec des formations qualifiantes courtes aux métiers de la sécurité, du maraîchage urbain, mais également tout ce qui est du numérique comme les formations de web developer, de codage. Toutes ces formations se font en complémentarité avec des opérateurs de formation, parce qu’on n’a pas vocation à tout faire nous-même. Bruxelles Formation est régisseur de formations, mais travaille toujours avec en collaboration avec plus de 70 partenaires, tels que des organismes d’insertion socio-professionnelle et de promotion sociale, notamment. Il y a aussi nos partenaires employeurs. Avec eux on tente de rencontrer le plus gros défi, qui est celui des compétences. Il s’agit de permettre la rencontre entre les compétences des chercheurs d’emploi et les compétences recherchées à grands cris par les employeurs. C’est le moment où on voit fleurir les formations en collaboration avec employeurs, même s’il n’y en a pas encore assez à mon goût.»

Un retour à l’emploi à quasi 100/%

L’organisme bruxellois propose par exemple une formation de bagagistes avec Aviato, sur l’aéroport de Bruxelles, ou en sécurité informatique avec la multinationale Capgemini. La directrice générale de Bruxelles Formation se réjouit de ce que pour ces profils totalement différents, le retour à l’emploi atteigne quasi à 100/%, grâce au fait que les formations ont été conçues et préparées avec l’employeur, qui a clairement exprimé ses besoins et a été associé à la sélection des demandeurs d’emploi.

«Nous collaborons aussi avec Actiris pour sélectionner les chercheurs d’emploi dès la séance d’information et l’employeur s’engage aussi à embaucher à la fin du parcours. Rien n’attire plus les stagiaires vers les formations qu’un emploi assuré en bout du chemin. On travaille à la fois avec des petites entreprises, environ la moitié de nos partenaires employeurs, et on rédige une offre de formation sur mesure avec l’employeur quand il est prêt à recruter minimum 8 personnes. On fait ça avec la SNCB, la STIB, Veolia, Erasme… Quand un employeur fait appel à nous une fois dans ce modèle, en général, il continue. Il n’y a pas d’échange d’argent entre nous. Il n’y a que de l’échange de développement de compétences. Par exemple, ces employeurs accueillent nos stagiaires dans leurs entreprises à l’occasion de stages, mais aussi pour des modules réels de formation quand elles ont le matériel que nous n’avons pas.»

Transformer l’essai pour aller vers l’emploi

Un autre grand défi que rencontre Bruxelles Formation est l’inclusion de publics encore plus précarisés qu’avant. Selon une étude publiée en 2018, plus de 45/% des stagiaires en formation à Bruxelles Formation sont bénéficiaires de l’intervention majorée (BIM). «Ça va jusqu’à 60/% chez certains de nos partenaires. C’est énorme! Cela indique que le service public touche bien les personnes qui en ont le plus besoin, mais ça montre aussi que l’état de précarité peut créer des obstacles dans leur parcours de formation vers l’emploi. Globalement, les personnes suivent les formations et vont jusqu’au bout. Nous avons donc un beau taux d’achèvement. Mais souvent elles restent dans le pré-qualifiant et ne transforment pas l’essai, parce qu’elles n’ont pas les moyens de se former. Depuis le 1er janvier 2021, l’indemnité de formation est passée à 2 euros bruts de l’heure. C’est un premier pas très positif inscrit dans l’accord de Gouvernement, qui prévoit que cette indemnité pourrait passer à 4 euros pour des personnes qui auraient réussi des formations dans les métiers en pénurie. Il est indispensable de réponde à l’urgence sociale et d’entendre que certaines personnes n’ont plus les moyens de se former parce que leur situation les pousse à accepter un petit boulot ou parce qu’elles n’ont pas l’aide familiale ou amicale nécessaire.»

La crise Covid a aussi mis en lumière la fracture numérique. Pour la combler, lever les craintes et apaiser l’usage de l’outil informatique, Bruxelles Formation intègre des formations courtes d’utilisation des PC portables aux différents Tremplins et prête des centaines d’ordinateurs à ses stagiaires pour leur permettre de suivre des formations en ligne.